REPRÉSENTATION DES DIEUX
A l'inverse des sociétés iconoclastes (qui refusent de représenter le divin), les Egyptiens anciens s'appuient très fortement sur les images pour répandre la culture, véhiculer un message et entrer en contact avec les dieux. L'image frappe immédiatement l'esprit. Elle est facilement expliquée à une population qui, en majorité, ne sait ni lire, ni écrire. Les dieux sont donc visibles aux fidèles à travers leurs images qui prennent de multiples formes :
Les dieux pénètrent et habitent ces images. Elles sont donc elles-mêmes divines (netjer). La différence entre un dieu et son image est que le dieu peut habiter plusieurs images à la fois tandis que l'image n'est que ce que le dieu accepte de révéler de lui-même. Ex : Rê peut se manifester à la fois dans le soleil, dans ses statues et peintures, dans ses animaux sacrés et dans le pharaon. Cette multiplication des représentations permet la mise en contact du divin avec les fidèles. Elles rendent les dieux accessibles au peuple. |
Les dieux égyptiens sont secrets. Ils ne révèlent jamais leur véritable apparence, même entre divinités ! Sur terre, ils multiplient les apparitions (éléments, animaux, roi...) pour mieux se cacher. Mettre les dieux en image (dans les temples, les tombes) pose donc un réel dilemme. Les Egyptiens savent qu'ils ne peuvent représenter le dieu dans sa vraie apparence (inconnue). Le problème est donc contourné grâce à deux tactiques :
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Les images des dieux égyptiens fonctionnent comme des idéogrammes. C'est un ensemble de symboles réunis adroitement pour donner l'apparence d'un personnage. Pour décoder le dieu, il faut le déconstruire et observer les éléments qui le composent. Ceux-ci sont :
Ce qui frappe d'abord l'observateur, c'est l'apparence générale. Elle n'a souvent rien d'humain et s'éloigne aussi de l'animal. Car les dieux égyptiens ne sont ni des hommes, ni des animaux. C'est encore une autre espèce d'où des représentations souvent hybrides (mais pas uniquement !). |
- Le visage informe sur l'identité du dieu et sa personnalité
- La couronne donne une idée de la fonction générale du dieu ou contribue à enrichir ce qu'on sait de sa nature
- Les objets portés orientent le dieu dans un domaine d'action en particulier
- Le corps permet l'action et est déterminé en fonction de l'action que l'on attend de la divinité
- Le vêtement révèle des informations sur la position sociale des dieux
- La position est également liée à l'action et au contexte de l'image
Aucun animal, ni attribut n'est exclusif à un dieu. En revanche, cela ne signifie pas que les dieux prennent n'importe quelle apparence.
En tenant compte de tous ces éléments, chaque dieu est donc représenté différemment en fonction du contexte, de la localité, de l'époque historique, de l'aspect du dieu que l'on veut faire ressortir. Les images d'un seul dieu sont donc multiples (et en particulier les animaux qui lui sont associés).
Cependant, les contextes d'apparition d'un même dieu sont souvent similaires ce qui implique de retrouver fréquemment des représentations identiques ou au moins semblables.
Inversement, plusieurs dieux différents peuvent se retrouver avec une même apparence. C'est la raison pour laquelle une image est toujours légendée avec le nom de la divinité. Ainsi, pas de confusion !
Pour résumer les deux photographies ci-dessus :
Les deux dieux, d'apparence similaire, représentent le même dieu Horus. L'animal qui lui est le plus communément associé, le faucon, le met en relation avec le soleil (le créateur de toute chose, pour les Egyptiens). Ce faucon porte la couronne des rois. Il est donc le créateur fait pharaon. Sur une des images, l'animal protège entre ses pattes le pharaon égyptien Nectanébo (350 av. J-C) : on le comprend comme le dieu de la royauté. Sur l'autre image, Horus sous sa forme hybride accompagne la reine d'Egypte (non visible ici) dans l'au-delà. Il tient le sceptre de l'autorité : il imposera en faveur de la reine un jugement bienveillant.